Un cerveau dans le ventre

En médecine Chinoise, on ne sépare pas le physique et le mental, les symptômes physiques et psychiques sont également considérés. Et pour cause, depuis toujours la MTC considère que les fonctions cérébrales, cognitives et émotionnelles ne sont pas logées dans notre tête, mais dans notre ventre, associées étroitement aux organes qui le composent. Ainsi, le Cœur en Médecine chinoise est le siège de l’intelligence. Il représente à la fois tout ce qui est intuition, capacité de réflexion (analyse et synthèse), mais aussi sagesse. Le Foie est le siège de l’intelligence émotionnelle et du rationnel. Le Poumon est le siège du système nerveux autonome, des réflexes, de l’instinct. La Rate gouverne le raisonnement et la mémoire, le sens pratique. Enfin, le Rein abrite la prise décision, la volonté d’agir ou de faire des choix, mais aussi la créativité.

Cette conception est fascinante et tellement moderne, aujourd’hui où de récentes découvertes médicales ont pu prouver que notre tube digestif est tapissé d’un réseau de centaines de milliers de neurones, qui ont une structure comparables aux neurones du cerveau. Notre ventre abrite donc bien un second cerveau, baptisé le système nerveux entérique, dont le rôle principal est de régir la digestion. Autrement dit, la vie, puisque l’assimilation des aliments et de l’air que nous respirons est notre condition première d’existence. Les échanges entre système nerveux entérique et système nerveux central sont assurés en particulier grâce au nerf vague et aux neurotransmetteurs.

Finalement, soigner le ventre permet bien de soigner l’esprit. Un neurotransmetteur, la sérotonine, connue dans son rôle de gestion de l’humeur et des émotions serait finalement produite à 95 % dans l’intestin… Ce lien ventre-émotions-mental est exploré depuis longtemps en MTC. Le shiatsu permet de stimuler énergétiquement chacun des organes et chacune des viscères du corps pour apaiser, détendre et harmoniser. Le Chi nei Tsang, le massage profond du ventre (voir mon post du 12 juin dernier à ce sujet), ce shiatsu dédié uniquement au hara, apporte en particulier une détente très profonde et très durable. Comme le titrait Pascale Santi dans un article du Monde de 2009, « le shiatsu, [c’est] mieux que les antidépresseurs ».