La thèse de Toxique Planète est la suivante : si les maladies infectieuses sont à peu près sous contrôle, nous assistons à l’émergence de maladies chroniques causées par l’environnement que nous avons fabriqué, maladies contre lesquelles les dispositifs de santé publique et de recherche sont encore mal adaptés.
Selon l'auteur, une crise sanitaire s'annonce, à laquelle l’Europe n’est pas à l’abri et si
l’espérance de vie progresse encore, on peut raisonnablement se demander
jusqu’à quand.
Recul des maladies infectieuses, progression des maladies chroniques
En effet, il y a cinquante ans encore, la majorité des décès dans le monde était causée par des maladies infectieuses. Mais la situation a changé. En 2005, sur 100 décès survenus dans le monde, 60 résultaient de maladies non infectieuses contre 40 causés par des maladies infectieuses. Et cette tendance s’accentue très vite : le rapport est passé en 2008 à 63/37 et les projections à l’horizon 2030 sont de 88/12. En résumé, tandis que les actions entreprises contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme commencent à porter leurs fruits, le monde connaît une véritable épidémie de maladies non transmissibles.
En effet, il y a cinquante ans encore, la majorité des décès dans le monde était causée par des maladies infectieuses. Mais la situation a changé. En 2005, sur 100 décès survenus dans le monde, 60 résultaient de maladies non infectieuses contre 40 causés par des maladies infectieuses. Et cette tendance s’accentue très vite : le rapport est passé en 2008 à 63/37 et les projections à l’horizon 2030 sont de 88/12. En résumé, tandis que les actions entreprises contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme commencent à porter leurs fruits, le monde connaît une véritable épidémie de maladies non transmissibles.
L’espérance de vie progressera-elle encore ?
En fait, l’espérance de vie que l’on mesure actuellement en France est celle des gens qui meurent aujourd’hui, c’est à dite la génération née avant la Seconde Guerre mondiale, dans un environnement très différent de l’environnement actuel (avant la pollution chimique, la malbouffe et la sédentarité) et qui a bénéficié des avancées médicales des trente glorieuses.
L’espérance de vie au niveau mondial va encore progresser si la mortalité infantile poursuit sa diminution, mais la croissance des maladies chroniques aura un impact sur l’espérance de vie en bonne santé et à terme sur l’espérance de vie tout court, comme c’est déjà le cas aux Etats-Unis.
Pourquoi est-ce si difficile d'agir dans notre système de santé ?
La vraie difficulté réside dans le fait que la perception des maladies chroniques, non transmissibles, est compliquée.
Le lien « un gène, une maladie » qui caractérise les maladies génétiques et le lien « une bactérie, une maladie » qui caractérise les maladies infectieuses s’avèrent inopérants pour les maladies chroniques : maladies métaboliques, cancer, problèmes respiratoires, maladies mentales. Celles-ci ne peuvent pas non plus être analysées seulement comme des maladies du comportement. Elles sont la conséquence d’un ensemble de facteurs qui interagissent : mode de vie, alimentation, sédentarité, pollution et environnement social.
On
peut se demander quels sont les freins qui font que la lutte contre la pandémie
de maladies chroniques n’ait pas encore été menée avec la volonté politique et
les moyens suffisants.
La principale raison tient au fait que le raisonnement médical aujourd'hui réduit les causes
environnementales aux microbes, privilégie les maladies infectieuses et le
curatif par rapport aux maladies chroniques et au préventif, et croit à
l’existence de seuils au-dessous desquels une substance toxique est inoffensive, (« c’est la dose qui fait le poison »). Or ce raisonnement montre aujourd'hui ses limites.Les perturbateurs endocriniens sont une illustration de ce changement de paradigme, dans la mesure où, dans leur cas, la dose compte moins que l’âge d’exposition, le temps écoulé entre l’exposition et ses effets, les interactions entre substances chimiques. Il est même possible qu’une faible dose ait plus d’effet qu’une forte dose…
C'est le mode de développement occidental qu'il faudrait réviser. En particulier, trois axes doivent être modifiés. En premier lieu, il s'agit de la nourriture ultra transformée, chargée en additifs, en graisses, en sucre et en sel, et dépourvue de micronutriments (comme les fibres).
Ensuite la sédentarité est une cause croissante de maladies chroniques. Rappelons pourtant que l'OMS recommande seulement 150 minutes d'effort modéré par semaine ! Enfin, la pollution chimique généralisée, est une autre source de maladies. Les perturbateurs endocriniens sont on le sait maintenant, impliqués dans bon nombre de maladies, dont les cancers et les maladies métaboliques. Nous vivons littéralement dans un cocktail chimique. Ainsi un bébé qui naît aujourd'hui a dans le sang de son cordon ombilical plus de 30 substances !
"Il y a donc urgence à agir car nous livrons un héritage toxique à nos descendants".
Didier Violle et Stephanie Guignard
Sources : "Une révolution de la santé est nécessaire", Silence, N° 423, mai 2014
Toxique Planète, le scandale invisible des maladies chroniques, André Cicolella,
Editions Seuil, 2013, 312 P, 19 euros.
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